PROLOGUE
Aussi loin que ça lui revienne, il a toujours détesté cette immense bâtisse ridicule. Des murs gigantesques d’un marron épais, des grandes pièces vides et froides à vomir et un jardin reflétant les bonnes manières. Un bal d’hypocrite s’y tenait. De jolies pensées et leurs robes flamboyantes, des iris d’un violet vicieux et des roses pourpres à donner la nausée. Petit Joshua redoutait les ballades dans ce grand jardin. Petit Joshua et sa salopette 90’ n’aimait pas l’odeur qui s’en dégageait. Petit Joshua observait sa mère en silence, tandis qu’elle soignait ses fleurs. Petit Joshua avait toujours cette impression de peur quand sa génitrice se tournait vers lui, sa tête de poupée qui arborait ce sourire dégueulasse. Cette génitrice qui s’occupait plus de ces fleurs que de ses enfants.
La maison respirait le dégoût. Il avait beau parcourir l’ensemble des –nombreuses- pièces du manoir, il y avait toujours une atmosphère particulière et indéfinissable. La cuisine sentait le poulet en permanence – sans doute le seul plat que sa génitrice ratait le moins- et la salle de jeux la moisissure qui avait commencée à s’installer depuis quelques années déjà. Le seul endroit où petit Joshua avait sa place était à l’extérieur, en dehors du jardin, en dehors des masques ravis et colorés de ses parents ainsi que sa famille. Sa place était derrière le grillage en fer forgé et des grandes colonnes structurant l’entrée –gigantesque et laide d’ailleurs- de leur maisonnée. Derrière, encore derrière loin. Là où c’était interdit, sauf pour les besoins de l’éducation.
La bâtisse des Griggs accueillait ses parents et leurs enfants –au nombre de trois- mais également ses grands-parents, ses trois tantes et leur visage empli de mépris ainsi que cousins et cousines –ceci étant dit, la maison était plutôt silencieuse- Ces trois tantes là, les trois corbeaux, oiseaux de malheur et toutes trois sœurs de Louisa –mère de Joshua- avaient pour but, sans doute –dans l’esprit de cet enfant- d’écraser tout amusement, tout souvenir agréable d’un revers de balais. Petit Joshua les craignait. Il craignait le moment où elles s’asseyaient dans l’après midi dans le canapé, observant les moindres faits et gestes des occupants. Les ustensiles devaient se ranger d’une certaine manière et le napperon en dentelle présent sur la table de la salle à manger avait l’obligeance d’être toujours propre. Elles avaient leurs propres règles sans pour autant les respecter. Interdiction de courir à l’intérieur et à l’extérieur, interdiction de sortir de son lit après 20h30, interdiction de se doucher plus d’une dizaine de minutes… La vie de petit Joshua était rythmée par ces colosses, ses masses beuglantes qui s’affalaient quotidiennement – aux alentours des 14h- sur leur canapé et gare à celui qui restait sur leur chemin. Il y avait aussi les cousins et les cousines, bien que leurs visites étaient plutôt rare, c’était sans doute les seuls enfants qu’il connu réellement.
LE HAUT EST EN BAS
Le soleil était déjà bien haut dans le ciel lorsque le jeune homme ouvrit les paupières. Il était déjà 14h00. Le dimanche s’annonçait agréable ou presque. Sa colocataire n’était pas du genre a rester au calme. La pétillante Acacia se balança telle une bombe sur le lit et lança l’attaque de bisous.
—
Ma marmotte.—
Mon cochon. —
Ta semaine a été rude hein ? Aujourd’hui je veux faire du vélo, aller au ciné et manger des pancakes avec de la confiture de rhubarbe. Voilà comment les dimanches se passaient. Ils sortaient ensembles, visitaient la ville en vélo et cuisinaient. Le dimanche était sacré. Le dimanche, il était interdit de parler des problèmes d’argent, des problèmes pour remplir le frigo, des problèmes pour payer les factures et le loyer. La semaine s’était une autre paire de manche. Mais ils arrivaient toujours à économiser un peu pour quelques pancakes.
Joshua avait tout tenté pour s’éloigner et disparaître de son ancienne vie, du moins quitter la maisonnée, les corbeaux et le jardin. Plus aucun contact depuis ses 18 ans. Il avait enfin réussi, le petit Joshua à s’écarter de cet horrible entourage qui faisait tout pour le garder dans le nid.
Joshua était heureux. Pauvre, mais heureux, pendant un court instant. Jusqu’à l’arrivée du voleur. Joshua ne sait plus. Joshua n’a pas envie de le nommer. Joshua veut juste détruire les menottes qui l’enchaînent à Acacia. Le doux voleur, à la mise en pli parfaite et soignée, aux mèches courbées avec élégance et ses charmantes fossettes. Le doux voleur aux mots bien choisis, aux phrases envoûtantes et gracieuses.
La belle aux cheveux pastel avec son sourire à la Marylin s’en était allée. Joshua reçu la lettre quelques temps plus tard. Il ne saurait dire pourquoi il a suivit les instructions. Joshua a sans doute le goût de l’aventure. Joshua ne se souvient plus. Joshua doute.
GÉNÉRIQUE
Joshua a du mal à se souvenir.
La grande maison familiale.
Le jardin puant
Les corbeaux.
Joshua a la tête comme une essoreuse à salade. Depuis qu’il est en bas, il ne se souvient plus bien de son enfance. Il a parfois l’impression que ce n’était qu’un simple rêve. Mais, Joshua se souvient d’elle.
Sa voix, son regard, son sourire.